SOUS LE MASQUE DES HEURES

poésie de Huguette Bertrand


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Et si on faisait parler les tempêtes
nous diraient-elles
qu'elles se déchaînent
pour faire tomber les masques
de la duperie des alentours
quand tout tangue
sur la mer de nos itinérances

nous diraient-elles encore
qu'elles se déchainent
pour balayer tout ce qui traîne
dans la mémoire empoussiérée
par l'illusion du tout paraître
quand en chaque être
sommeille le sens des sens

nous diraient-elles enfin
que la pluie le vent les pleurs
ne sont que des images
rejetées par la mémoire
que le temps charrie
devant la verdoyance
de nos espaces affairés
par des accoutumances


07.12.07

Des masques traînent à la surface de nos accoutumances empoussiérées par l'illusion. Itinérances dans la verdoyance de la mémoire que le vent balaie vers l'image de l'être enchaîné aux tempêtes, se déchaine dans les espaces ensommeillés et tombe sous le coup dans le sens des sens. Et tangue la mer, et tangue le vent parmi les pleurs du tout paraitre affairé.

Quoi dire quoi faire
devant les montagnes profanées
quand leur cime
envoie des signaux
que l'on ne comprend pas
à moins d'être une pierre
au pied de ces géantes
dont la mémoire
ne tarie pas

Quoi dire quoi faire encore
devant les grands arbres mutilés
quand leurs branches
envoient des signaux
que l'on ne comprend pas
à moins d'être une souche
dans les racines
de leur mémoire
dont la sève
ne tarie pas

Quoi dire quoi faire toujours
devant un visage ravagé
quand son masque
envoie des signaux
que l'on ne comprend pas
à moins d'être une mémoire`
à la racine de "nous"
dont la cime
se souvient


07.12.07

Rien à dire rien à faire quand la mémoire prend racine de la souche à la cime jusqu'au portail du nous retrouvé par les montagnes, les arbres, les masques et leurs signaux qui ne tarissent pas.

C'était pas la bonne rue
ni l'adresse à rechercher
ni même le pont à traverser
pour rejoindre la passion
d'un souvenir bienveillant
ses traces éphémères
envolées sur les heures
nonchalantes d'un désir
circoncis dans le texte
d'un poème égaré
et distrait
retrouvé au rond-point
sous le masque du gendarme
déguisé en torpeur
quand arrive la noirceur
sur le monde accablé
d'un papier à mâcher
dans son rêve dérisoire
Circulez !


10.12.07

Envolé le désir sous le masque des heures déguisées en passion au rond-point des souvenirs égarés dans les rues, sous les ponts éphémères. Heures nonchalantes, heures à mâcher quand le monde se rêve bienveillant dans la torpeur d'un rêve dérisoire.

Quand le ciel se met de la partie
les nuages se fendent en quatre
pour laisser passer le vent
affolé par les alertes météo
et la dérive des mensonges
sur le plasma des consciences
électro-statiques
magnifiées par des charges
statistiques
et la magie des secousses
systématiques
comme un chant à nos oreilles
rythmiques
et l'abondance de nos rapports
chimériques
avec le ciel
les nuages
et le vent
colérique


11.12.07

Secoués par la magie des alertes statistiques, le ciel caracole, les consciences s'affolent, rythmés par le chant colérique du vent. À croire que les mensonges systématiques dérivent sur les chimères branchées à nos oreilles électro-acoustiques.

Voilà que s'entremêlent
les coups d'gueule
ma foi ils perdent la tête
du coup devenus tout bêtes
ils restent là
pêle-mêle

D'autres têtes s'emmêlent
aux jours pêle-mêle
sous le masque
de leurs histoires indigestes
à tue-tête s'enroulent
autour des heures
à la poursuite des béatitudes
devenus bêtes entre ombre
et lumière à franchir
d'un coup sec


27.03.08

Emmêlés dans des histoires de béatitude, le tête-à-tête reprend du poil de la bête à la poursuite des heures affranchies des coups d'gueule et autres indigestions. Tombent les masques, roulent sur les heures la tête à l'envers, le coeur à l'endroit.

Bruine sur un matin gris
empêché de percer
le mystère de l'oiseau
qui s'ébroue dans la
mare du sommeil
de ma nuit passée
a laissé des traces
englouties dans mes rêves
au matin me montra
la flaque d'eau
et la bruine disparue
devant l'oeil du soleil
apparu à midi


27.03.08

Il s'agit ici d'un oiseau s'ébouant dans une mare humide laissée par l'orage d'hier que mes rêves de la nuit dernière m'ont montré juste avant l'apparition du soleil, son clin d'oeil arrosé par les ailes de l'oiseau.

En Bretagne
il fait soleil et pluie
tantôt soleil
tantôt pluie
ou l'inverse
quand l'averse inspire le soleil
à se montrer le bout du rayon

durant cette mascarade
le gros chat gris devant
renifle les herbes tendres
pour se faire un nid d'oiseau
envolé vers des cieux plus cléments


27.03.08

Quand chats et oiseaux de Bretagne enlèvent leur masque, ils en prennent plein les poils et les plumes lors du clapotis de l'eau dans la mare du poème précédent agité par le soleil démasqué.

C'est dans ce pur silence
qu'une image désertée
agonise
agonie meurtrie par la distance
et l'espérance repliée dans la mémoire
d'où l'écho me rappelle
qu'il faut passer la porte
retrouver le murmure de la voix
qui exporte ses mystères
ses visions


09.04.08

Désertion d'images dans le froid du silence que la mémoire rappelle en sursaut derrière la porte en laissant passer quelques murmures à travers le miroir des mystères qu'aucune vision ne pourra rejoindre dans la lumière du jour.

Parmi les draps froissés
des murmures s'échappent
d'une pensée torride
que les gestes prononcent
dans le sens du vrai
annoncent la vague
d'un désir liquide
répandu sur la chair
de l'image imaginée

Berce le temps
sur la vague
et vogue la vague
dans le mouvement subtil
des amours constellées


10.04.08

Quand s'imagine une image sur les draps constellés, le désir s'allume, les murmures s'éveillent et les gestes suivent la vague subtile échappée par le mouvement des amours prononcées.

Sans disserter
les mots se sont placés en rangs d'oignons
puis un à un lui ont posé cette question :
Qu'est-ce qu'on dit ?
et le poète de répondre :
On ne dit rien on montre tout !

Le tout des mots a dévoilé ce qui se voit
pleine largeur de haut en bas
images subtiles miroir de l'être
séduire l'ennui la vie l'amour
quand sous le ciel on rit on pleure
derrière le masque derrière le faux

 

10.04.08

Dès que les mots cherchent à séduire le masque, le vrai questionne le faux dans la démence du jour. Faut-il s'en étonner quand vient l'heure des subtilités en réponse aux pleurs aux cris dans le miroir qui montre tout sous l'ennui du tout un chacun dévoilé.

Malgré le temps
malgré la poussière
elle fleurit toujours dans le soupir des mots
assujettie aux mouvements des sens
jusqu'au seuil d'un désir
écrasé dans l'oeuf

le temps a vu large
dans la rondeur du mouvement
interrompu
s'est envolé vers un autre rivage
là où mensonge et promesse
ne sont pas de saison
là où le coeur se recueille en silence
en frôlant la vague des souvenirs
égarés


06.05.08

Dans la rondeur du temps, les rivages se croisent en silence quand la vague répand ses mots dans le désordre des jours mal aimés, quand la poussière ensable le désir envolé vers d'autres saisons que nul mensonge et nulle promesse ne pourront écraser. Le coeur au large, la mer soupire !

Sans urgence
les mots s'alignent
pour réparer la parole
envoilée dans un linceul
seule
seule parmi des "si"
des "peut-être"
des ajoncs et des amours
piquantes à souhait !

Ne reste que des épines
et même des rires fous
pour atténuer la douleur
de l'enchantement

Faut-il y croire ?

Ben non !

Peut-être si...

La parole demeurera toujours à l'oeuvre
à travers vents et marées
à travers l'oeil qui observe
la marche du monde
dans l'absolu
tion


06.05.08

Piquée de rires fous, la parole se libère de son voile, aligne les mots parmi les "peut-être" et les épines, les ajoncs et la douleur, peut-être ! À observer d'urgence à travers le vent, les marées, même si ça pique ! Qu'en restera t-il ? Que de l'enchantement d'y avoir cru un instant.

Recueil de poésie créé sur ce site à partir du 22 octobre 2007 jusqu'au 6 mai 2008

 

Le livre papier est disponible en cliquant sur ce titre : Sous le masque des heures

 

© Éditions En Marge et Huguette Bertrand
Dépôt légal / 2009, 59 p.
Bibliothèque et Archives nationales du Québec
Bibliothèque et Archives Canada
ISBN 2-921818-51-3
Tous droits réservés pour tous pays

 

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page actualisée le 3 mars 2009