poésie de Huguette Bertrand

Deuxième partie

 

ONDES REBELLES

Amis des ondes
à l'ombre traverse
le pays du coeur
l'échine redressée
en ses douleurs
que des rires inondent
en secousses rythmées
quand les doigts
en rappel
tapochent un clavier
connecté
aux ondes
affranchies
et rebelles

16.06.99
ORIFLAMMES
 
Rouge feu flambeur
de jour comme de nuit
l'appel du large espoir
lance des oriflammes
sur le coeur
empoussiéré
retenu dans l'égout
à genoux
sur un pou
gris

24.06.99
LE DIT DE L'INÉDIT

Tellement humide
la vie
tellement fluide
la vie
accrochée aux espaces
de nos quotidiens
tellement quotidien
la vie
parmi les miettes
de nos espoirs
sous-cutanés
espoirs toujours humides
à travers le fluide
d'un espace quotidien
le tien
le mien
répété à tout jamais

06.07.99
DANS L'ONDULÉE DES ONDES

Fascinants les souvenirs
remplis de hauts et de bas
d'éclats de rire de pleurs
de grincements de dents
de grincements de coeur
sur une balançoire
tantôt vers le haut
tantôt vers le bas
quand toujours la vie en émoi
se laisse vivre sur les ondes
partagées
à même les jours ondulés

17.07.99
PHÉNIX

Amoureuse
la mort se venge
dans les cendres du désir
cendres cruelles
cruels désirs
soulèvent les cendres
soulèvent les ailes
l'oiseau debout
issu des cendres
transcende l'amour
la mort au bec
retour aux cendres
un cri d'oiseau

02.08.99
DENSE ET DANSE

Devant le spontané du visage
le temps se fait danse
autour des heures
guide nos pas denses
et dansent les visages désirés
autour du temps
se rapprochent
du hasard étonné
désirs fulgurants
par moment improvisent
et dirigent
les regards
juxtaposés

04.08.99
ESSENTIELLEMENT

À travers mots et dires
les jours se rapprochent
de l'essentiel
s'excitent
sans maudire le sud
quand le corps s'honore
d'une danse
sonore
danse son nord

01.08.99
VIE SAGE DU TEMPS

Quand les visages s'agrippent au temps
le temps se crispe
haletant
me souffle des hiers
au bout d'un cri d'oiseau
m'accouche sur une surface bleu
libère quelques mots gris
À la croisée des larmes
et des rires
un visage éperdu
s'étonne
se moque du temps
il se repose

03.08.99
SOLO

Solitaire
la mémoire du coeur
reprend son souffle
se réserve des rencontres
d'un mot à l'autre
apprivoise les continents
sans broncher

06.08.99
MÉNAGE D'AUTOMNE

Sortir l'âme de son présent
la dégraisser au varsol
la passer au savon du pays des songes
la secouer violemment
de toute traces amoureuses
la faire sécher sur les heures
puis
la voir disparaître
dans une nuée

07.08.99
DOUX EN NOUS

Songe d'août
ça coule de partout
le sang les pleurs
agonisent
sur la lèvre inférieure

14.08.99
REQUIEM POUR UNE DENT DE SAGESSE

Ci-gît la dent apprivoisée
par un dentiste
de l'avoir soulagée
de quelques dollars
à faire dérailler les mots
abandonnés à leur sort

14.08.99
ÉLÉMENTAL

Vertement dressée
la table d'Émeraude
invite l'eau
le feu
le métal et le bois
sous la lumière unique
portée par le vent
la pluie
en nos êtres
démesurés

20.08.99
JUMELAGE

Sur l'étendue captive
de nos différences
des pensées s'égrènent
éperdues de lumière
comme des enfants
s'offrent
d'une rive à l'autre

20.08.99
GOUTTE VAGUE

Mortellement
une goutte d'eau plonge
dans la vague éternelle
du  mouvement
s'enroule autour des désirs
caresse les pas
sur les plages amoureuses
balayées par le temps
qu'un simple souvenir
vient éveiller
en nos coeurs doux délirants
doux délires retenus
toujours en émoi

26.08.99
LAPIS LAZULI DE LA PIE LA JOLIE

De ce tableau
l'abondance inonde la galerie
montre la détente
quand la femme déborde d'elle
on la préfère offerte
sur le mur des insolences
on la pense
on la trie propre
on la tripote
on la nomme
chose sacrée
on la projette
dans l'instant mâle

26.08.99
UN PEU DE NOUS

un peu chaque jour
l'âme
sous la pierre humide
se déchaîne
s'enchaine au corps étrange
tellement lointain
glisse
sur la rivière de ses rêves
tellement tout proche
de la vie des alentours
toujours trop lourd
en silence
verse l'amour
dans ce poème
délivrée

27.08.99
BLEU TENDRESSE

À travers les bruits du corps
une berceuse accuse le fleuve
ses horizons
se parfume à l'eau vive
de la tendresse
répand les frissons
ça berce bleu
ça frissonne en noir
ça se perçoit comme une présence
parfumée à l'amour
pour l'illusion
la main sur le coeur
devenu silence

28.08.99
LES PASSANTES

Trois petites misères se promènent
sur les toits gris
de la ville
s'arrêtent ça et là
à l'orée des cheminées
grignotent sur la table
des invités
quelques paroles débiles
sans formalité progressent
vers des sentiments lointains
entrevus
par le bout de la lorgnette
du coeur borgne

29.08.99
L'INNOMMÉE

Elle ne se nomme pas. Elle est tout simplement de passage dans un instant qui n'a pas de nom. Elle se prononce dans une parole devenue insaisissable. Elle est insupportable devant tous les cerveaux qui font bombance. Elle se répète toujours dans le multiple en ses différences. Son frère se nomme silence, sa soeur se nomme absence. Cependant, elle ne sait pas se taire. Sans cesse se heurte à des coïncidences qui, de plus en plus, creuse le vide devenu immense. Elle soulève des blancs, y appose une parole, et ne la reprend jamais. Elle révèle tous ses secrets dans une seule parole répétée. Elle est captive dans l'instant, existe pour la forme, bien évidemment ! Elle sécrète des mots qui prennent sa forme, toujours puisés dans cet instant. Elle ne sait faire autrement. Elle devient mirage dans l'imaginaire de qui la voit. Par le regard, on croit parfois la reconnaître sans la connaître. Elle ne dit rien. Elle sait, sans savoir.


29.08.99
CHAUDEMENT L'ARGILE

Au commencement était l'argile
puis le centre à rechercher
minutie du geste
regard posé sur le mouvement
des formes arrondies
dans le feu erre
sans fin
intouchable en ses bruits
insondable en ses nuits
impénétrable visage
à l'abri des extases
dérive sur le bleu de la matière
matière fluide
sans cesse renouvelée
vibre s'infuse
à même la terre
partagée

15.09.99
FISSURE

Un ciel rouge orange feu
m'éclate en pleine figure
court moment d'envol
vers le figé des gestes
qu'arpente un chaud regard
circulaire
À peine quelques traces sur la neige
imprimées dans l'âme
d'un bleu boréal
moments inviolables
projetés dans la fissure
des mots
tus

16.09.99




CÉSURE

Propulsé sur le fondant de l'horizon
un mouvement interdit
plonge dans les braises de l'âme
qu'enserre un doux regard
interrompu
par la violence des flammes
apaisées par le lointain
de la surface chaude
d'un ventre imaginé

17.09.99
LA VIE À VIDE

Un regard
une fuite
un train d'enfer
roulent sur les parois d'un vide
infini
projettent sur d'autres regards
des moments doux
et chauds
toujours éphémères

17.09.99
PARCOURS

À l'horizon
un murmure soulève
une tempête de braises
toujours aperçue
dans un regard
exilé sur la piste infini
de l'être
dévoré par les mots
toujours en marche
dans le tracé fluide
de l'instant

17.09.99
BLEU DE PRÉSENCE

Derrière le voile
une présence s'immisce
dans le feu des mots
sous la peau
sillonne les prés de la mémoire
s'apaise aux commissures des lèvres
qu'un souffle anime
dans la fange des aurores
abreuvées
à la source de l'écume
que les vagues transportent
jusqu'à l'angle des corps
inaltérables
inaltérés
déchirée
l'histoire se faufile
dans le blanc
d'un prénom
absolu

24.09.99
retour Première partie

 

© Éditions En Marge et Huguette Bertrand
Dépôt légal / octobre 1999, 61 p.
Bibliothèque nationale du Québec
Bibliothèque nationale du Canada,
ISBN 2-921818-16-7 - Tous droits réservés


Retour au sommaire des autres recueils

Retour à l'accueil