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Gicle la puissance des mots
accordés aux ondes subtiles
de tous les passés présents et à venir
images intimes et sombres
portent les songes à peine nommés
sur l'écran des murmures
s'éclatent en mouvements rebelles
à l'heure des solitudes

Assommée
l'histoire glisse dans l'indifférence
jusqu'aux confins de l'errance
s'abouchent les lèvres
contre les impossibles
quand l'oeil toujours vibre tendre
dans le regard de l'autrement

L'autre voyelle voit-elle
la voie telle que vue ?

Qu'on sonne aux portes
qu'on se déclare muet
qu'on se calfeutre jusqu'aux aurores
consonnes et sonne le glas du blues
d'un mythe mou glorifié
retombé dans la nature des choses

Que les Aphrodites se lèvent
et se dirigent toutes
vers l'autel des incantations
soulevant leur coeur
à la santé des amoures libérées
à la rondeur des paysages
honorés par les gestes rares.

06.01.04

S'amenuise le reflet des mots
dans le creux des histoires enchevêtrées
sur écran fixe
et file la laine autour d'un fuseau horaire
quand les images défilent en ronde
dans le réel sculpté par la machine utile
machins machines machinales
dans la soie soyons soyeuses
entre les cliquetis les clins d'oeil
par intermittence se posent et reposent
dans la tasse de café refroidi

Tout près
gît une feuille verte à l'amante
pour le thé

06.01.04

À cheval sur le fer de lance
l'Andalouse recrée le mode amour
en majuscules
quand la conquête crée de l'absence
ses mots immolés sur un silence
vibrent et bougent sous les vers unis
dans l'univers d'une parole
murmurée s'envole
quand les écrits restent gravés
dans l'espoir des futurs réunis

09.01.04
Et si le doigt sur le désir
pouvait assouplir les gestes conciliables !
Suffit-il de laisser flotter les mots bleus
sur la ligne fluide de l'horizon
jusqu'aux yeux de l'ineffable ?
Nul espace ne pourra envahir le fil
ténu des correspondances
et son tissage inoubliable
Faut-il assassiner le doute
sur la route inachevée
et traverser les ondes à l'arraché
ou simplement baisser les yeux
en fixant les touches du clavier
sans boire les paroles écoulées
au fil des heures mortes
quand la douceur éclate
sur les langues rompues
par la dissidence

Un nuage passe
une goutte de pluie averse la fine fleur
déployée au coeur de la main

09.01-04

Arrachés des bras
les purs désirs s'envolent
dans la nuée des langues abattues
se propagent dans l'amertume des mystères
infiltrés dans les coquilles
noués à l'aventure matriciel
S'arment les larmes sur les dunes communes
et les rhumes éternués sur du papier mou
Choir sur le buvard devant le miroir
des paradoxes
enivré de rites, de mythes
éloges des gorges déployées
C'est dingue mais ça tient tout seul
ça s'entretient
ça se maintient dans une constellation givrée
Ça tourne autour de rien
que finalement ça devient inévitable
Ça se chuchote d'une oreille à l'autre
se répand dans la fulgurance du hasard
à la croisée du jouir des regards inexplorés
Ensuite, on pique, on nique
on pique-nique puis on pique du nez
Nez en moins les impossibles
se pointent sur le bout des doigts
pour tâter la fibre d'un malentendu

09.01.04

Devant la pâleur du ciel
les paroles se déshabillent à tour de rôle
lentes paroles puisées
dans les remous de l'histoire
se croquent sur les écrans enfiévrés
rêvent de papier
papier mou, papier dur
papier mûr ramure entre souris et rats mûrs
On soupire, on aspire, on respire
on transpire, on a vu pire !
On s'est exclamé dans l'écho, les copines
les carrespondances, et les coquettes rient
Rituels amazone sur l'autel
des randonnées dantesques
les deux pieds dans l'hiver dépouillé
Les mains lentes poursuivent la chevauchée inerte
quand l'esprit s'emballe
au milieu d'un souvenir
et les volutes d'une pensée gaillarde

Le rire se pince, s'éclate en différé
Le swing désossé poursuit la musique
de chambre et les jeux amoureux
Les semaines s'épuisent et puisent,
et puis après ?
puis plus rien que l'haleine chaude
des nuits cachetées
dans l'enveloppe du secret

11.01.04

Sur la toile mécréante
je brosse des fresques inutiles
de mots perdus et retrouvés
désirés et embrassés
des mots d'amour des mots tout l'tour
projetés sur l'écran
de l'éphémère des masses molles
et farandoles

en ce délire mal calfeutré
je range le soir dans une armoire
j'attends le jour dans le couloir
je tourne en rond sur un mouchoir
puis je traverse le miroir
bonsoir !

20.01.04

En pointillés le jour contourne
les mots mutants
des pages qu'on tourne
dans nos saisons éparpillées
grève des heures
crève le coeur
gronde l'anarchie
sur l'archipel
l'anarchipel
quand volatile
s'envole t-elle
tique et tactique
du tac au tac

24.01.04

Nomade sur ma chaise
je dérive sur l’air rance
de coincidences en dissidences
les bonjours les mercis
les retours en retard
sur l’amour sur le temps
le prologue se prolonge
incertain dans l’instant

02.02.04

Stoppez les machines !
changement de cap
vers les corps déliés
par l'amour avorté
sur les vagues soumises
au grand vent aux tempêtes
par devant pas si bête
jusqu’au port de l'élue
on s’habitue !

02.02.04

Foncer dans ce décor
désamorce les nuits mauves
prononcées en plein jour
au détour d'une folie
lacérée par l'instant
oublié

nuits frémissantes
accordées aux heures blanches
nuits du poème délivrées
par la flamme des danses
l'innocence d'un regard
caressé

09.02.04

Encerclées par la noirceur
frottons des allumettes
pour réchauffer le sacrifice
évacué dans le miroir
de l'embellie
me râpe me hâte
m’échappe sur une rumeur
aqueuse la gueuse me songe
m’éponge m’allonge
de tout mon long
sur le hasard bavard
épouse les insomnies
et les sourires
dans un bahut désaffecté

12.02.04

Requinqué l'art s'élance
sur la pente houleuse
sans broncher improvise un show bises
préambule des langues bien pendues
quand les mots emportés
se mâchent à la tâche
se taille à la hache
d'un désir vouée au tandem
improvise des phrases
en frôlant l’origine
par devant par le haut
par le bas par beau temps

21.02.04

Souvenir embryonnaire
dans la gangue des mouvances
ex-tentionnées
émoustille les curseurs
en ce temps des violettes
des voilettes
quand un gong sur le yin
une claque sur yang
annonce un kit mixte
projet chimérique
pour sens névralgiques
alliés sur la toile
par les mots encordés
leur descente en rappel

22.02.04

Consacrées au printemps
les ondes telluriques
d’une bise passagère
prolongent les césures
sur le jeu de mare-elle
pour faire jaser les murs

Beauté des ruines ankylosées
dans la géométrie des songes

01.03.04

Dans ses songes elle ondule dans le fief
de ses sens
Accule le désir jusqu’à perpétuité
Nimbée rose en ses gestes
Se déplient ses phalanges
Emportées par les mots
Agissants
Vagissants
Encerclée
Corollaire
Mitoyenne
Opaline la stature
Invisible de l’Orphée

01.03.04

Nulle mise en boîte
ne peut enfermer
l’ivresse de l’écrit
sculptée à même les heures
au chapitre des correspondances
dédiées aux amours
accordée aux distances
s'articule la douceur
dans la splendeur des langues
sur le corps essentiel
ses formes dévoilées

10.03.04

Dans la moiteur des nuits
monumentales
le cœur se roule en boule
devant la horde des désirs
et rimes rebelles
à faire suinter les murs des enlignées

Qu’on sonne, qu’on vexe
qu’on entre dans la traction
des danses-sœur
sur la piste des renaissances
quand les sons de l’aiguë
défie l’inter-dit
jusqu’au ras des fractures
sur le do mi fa solidifié

27.03.04

Électron libre
je me transmute en mode hasard
jusqu'au bout du sensuel
en passant par le couloir
de l'errance résiduelle
quand mon corps y dort féminin
dans la she-mer des vagues
transporté dans la marge
jusqu'à l'origine de l'espèce
nos ascendances

28.03.04

Au panthéon du tam-tam
les serve-elles s'affranchissent
méli-mélo-dieuses
et tombent pile dans l'orgienelle
puis s'enlignent noctambules
en murmures virtuels
que même Lucy l'ancêtre
en perdrait son chignon
et ses poils au menton !

Épilée et dansante
oserait-elle les étreintes satinées
jusqu’au point organique
accordées aux poèmes
qui du coup s'encoquinent
en d'intimes barbaries
entraînées dans la marge
et la pire rate rit

30.03.04

Effilochée la mémoire propulse
des métaphores déflorées
par la pulsion des accroc-nymphes
quand leurs prouesses s'infusent
confuses
puis s'évapeurent dans leurs nus-âges
consternées

frissons de tulle frissons de lune
elles mordent aux mots décapsulés
par le tempo des nuits roses
s’honorent à l’extrême de l’oralité
arbore un chant d’aube délabrée
quand les sens se brisent s’enlisent
dans la mouvance des songes rouges

01.04.04

Rictus francophole
s'expose au grand jour
tourbillonne et chantonne
dans l’éclaté des mots
parcourt en tous sens
les fils de l'arachnée
dans l'interdépendance
du tricot malmené

Nous savons machiner des jeux d’accords
dans le satiné des gestes bienvenus
Nous savons arrondir les formes
sous l’accent du désir
qu’un feu embrasse dans l’infini
Nous savons déambuler à l’aurore
vers des futurs sans avenue
Nous savons l’heure du poème
et bout à bout on s’enfile droit
sur le sortilège des continents
à explorer de la tête aux pieds

Faut-il se lover dans cette veine houleuse
ou rouler dans l'illusion miteuse ?

06.05.04

Il règne de l’ampleur sur mon cœur
et les drames ne sont plus de saison
ont glissé dans l'image
des couleurs étonnées
ont séché sur une toile
à tout vent tout bazar
livrés au hasard des regards alliés
à hauteur d'un désir
diligenté

Remballez-moi tout ça
dans le garage de l’égarée
et que ça saute dans la mare-mythe
des amours épars pillées !

13.05.04

Quand le temps se fait gris songe
l'orage résiste
la main insiste en degré phare et night
contourne les sens inter-dits
jusqu’au rond-point du désir
s’enlise peu à peu dans la mousseur
quand la mise à feu des mots
trace les contours d’un vertige
s'émancipe jusqu’au déferlement
des phrases des liées
sur le quai des arts rivés
au plancher

21.05.04

Entre deux guerres
entre deux mers
les vagues en trombe
charrient des bombes
des tombes immondes
à chaque ressac
fécondent les ondes
d'un monde assis
sur les secondes
quand gronde le temps
imaginé

08.06.04

Ne me dérangez pas
je suis assise à la lisière des mots
j'observe les muses distraites
embraisées sur des voies parallèles
ne renonce jamais de cette once d'émoi
quand le corps encore s'épanche
sur les nuits blanches
parcourt l'instant d'un rose éclos
se meurt au chant

d'Ève en Ève
se chantent vibrants
les instants égarés

16.09.04

Pourquoi faire compliqué
quand c'est si simple
lorsque les mains se tendent
se détendent sur le tendre
du corps égaré dans le roulement
des vagues des langues
longues vagues sur les langues
ondulent d'un frisson à l'autre
venues inonder la mémoire
d'un sujet sans projet
retourné au couchant

ne reste que le contour
des heures accentuées

17.09.04

Si près
tellement près tellement là
dans mes mots clandestins
n'ayant plus pour bagage
que le coeur aimanté
brimbalant de si loin
ne vois rien
ne sais rien
des pensées alliées
imaginent la douceur
à travers la rondeur
des écarts prolongés
en clins d'oeil
en sursaut
emmène-moi
de midi à minuit
sous le grand parapluie

17.10.04

ce livre de poésie fut créé sur espacepoetique.com du 24 septembre 2003 au 17 octobre 2004

© Éditions En Marge et Huguette Bertrand
Dépôt légal / 2005, 57 p.
BNC-BNQ : ISBN 2-921818-46-9
Tous droits réservés


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mise à jour 16 mars 2005