Mostafa BENHAMZA


ÉCOUTE LA VIE...

écoute,
écoute la vie, sève sentinelle,
qui égrène son rêve éternel...

dans nos veines vertes et offertes,
coule la sève,
fleuves, océans,
vastes univers sans horizons...

rêve sans frontières,
réalité étrange,
galaxies sans fin,
poussière et mensonge,

la vie écoule sa sève
dans nos corps chrysalides,
habite nos esprits avides
d'images et de songes...

écoute la vie égrener son rêve éternel,
traversant sans les voir,
nos espoirs éphémères...


Genève, le 22.12.97
ERRANCE

l'arbre prend son essor et boit sa terre sans crainte ni reproche...
l'oiseau s'élance et respire son ciel avec délice et ivresse...
et toi, misérable dans ta terreur sans nom, pitoyable dans ta peur sans objet,
toi errant dans ton espace d'ignorance sans fin, tu divagues, délires et exultes,
et fais de ton corps la demeure de l'univers.

ligne épurée que pénètrent en son inclination naturelle
vents, marées, tempêtes et silences brusques,
qu'aussitôt violent sans scrupules le bruit et le désordre.

          voici venue la nuit où, dans la complicité du souffle des vivants,
          renaissent les espoirs bannis hier.


08-97

VOYAGE EN DEHORS DE SOI

mon âme, tais-toi et dors …

las de m'accrocher sans cesse
aux rebords de tes abysses embuées de peur,
je lève l'ancre et rame
vers des ports plus calmes ...

car, mon âme,
jamais le silence ne m'a offert autant d'espace…

espace que je découpe et cloisonne,
que je protège et bétonne,
espace-refuge que j'habite et hante,
loin de ta douleur enfouie,
enterrée dans les limbes de l'oubli…

l'oubli des trop faibles, mon âme,
toi qui ne sus jamais ouvrir les yeux,
sans sombrer dans le vertige du désespoir…


Genève, 21.12.97

LA FEMME AU TEINT PÂLE...

quand, lasse de tant attendre sa délivrance,
la femme au teint pâle s'affaissa et se lova en sa douleur,
la plainte longue et frémissante s'éleva de ses entrailles,
lanca ses tentacules, les vrilla dans les nuages,
plongea vers les abîmes de l'océan, y incrusta sa rage...

longue, douce, belle et tendre,
la femme au visage radieux et sans fard,
courut, glissa, dansa sur les méandres de ses souvenirs.
hier n'était plus qu'un lointain sillage...
cette lumière si légère et grisante déjà si réelle...

celle qui vécu les yeux ouverts et sans honte,
celle qui survécut aux hontes des autres,
marche aujourd'hui sur les traces de sa délivrance...

          et la rose qui naquit un matin de sa brève vie,
          vint, avec douceur et senteurs,
          se poser sur sa chevelure de lumière et d'or

          les cris et pleurs d'hier n'étaient plus qu'un sillage sombre
          dans l'éternité d'or et de lumière...
CARESSE D'ENFANT EN SONGE

quand le bruissement de l'air devient caresse,
que la flamme du désir pâlit et se recroqueville,
quand nos peurs s'étiolent et paressent,
que les songes des enfants aux yeux ouverts,
baume et tendresse,
en nous se nichent et se vrillent,

les araignées de la nuit tissent leurs litanies sans fin,
sur la mémoire lasse les reflux déroulent leur éternité,
et le silence s'installe et distille ses bruits rêvés,
tandis que la nuit enveloppe de son manteau de paix,
les souffles heureux des hommes endormis.

          le songe s'allonge et devient éternité,
          se creuse et devient havre de paix.

la haut les enfants dessinent des histoires et crient leurs rires,
tendent leurs mains aux hommes d'hier noyés dans leur délire,

          le songe épouse l'éternité et s'enroule autour de la nuit,
          rêve ou tristesse, il fixe à jamais, dans le ciel étoilé,
          les rires des enfants aux yeux de vérité.


14-12-97

QUE TU ES BELLE Ô MA DOULEUR...

que tu es belle ô ma douleur,
lorsque tu te loves dans mon coeur,
inconsciente de mon sort,
méprisant les affres de mon corps
nées des caresses de ta lumière de feu et de braise,

que tu es belle ô ma douleur,
lorsque mes larmes et ma peur
s'estompent à ton language pur et sans fard

que tu es belle ô ma douleur,
lorsque du fond de moi s'élèvent des prières,
si belles qu'elles épousent les étoiles,
si vraies qu'elles effacent les mensonges,

lorsque tout s'effondrera dans l'oubli et le froid,
toi seule resteras, ô ma douleur,
dans la nuit étoilée de mon firmament rêvé,
solitaire scindé à mon front,
dans un baiser éternel et sans fin...


09-12-97

Mostafa Benhamza - 1997 - Tous droits réservés


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