Rachid DZIRI



RUPTURE

On a fractionné le silence
en flux de rires invulnérables
voilà que ton errance
porte le nom du départ
comme un grain de sable
sur le chemin que nous menons
nulle crainte que le retour
et tu es désirable

s’effrite à mes pas
un passé aussi lourd
qu’une flétrissure
rupture irréprochable
car demain se révèle un soleil sans rancune
comme un chant qui prolifère
on a déconcerté le Noir
comme une honte décrétée
comme une nuit de passage
HASARD

Il n'est point d'oraison qui me ramène à toi
indompté hasard tordu comme une mémoire
il plait tant à l'océan
d'égaler le silence au fond de tes prémices

Quel espace saisir
quelles transhumances croire
pour apprivoiser le désert rugissant
pour dépecer la douceur de la mort
en transes orientées vers l'exil sans remord

Dans mes veines une liqueur détenue
telle une femme effarée
d'amours hypocrites
de violences mégères

Il s'agit d'appréhender les vestiges révolus
l'histoire qui se replie
dans des pages froissées
par l'amertume du mensonge
Il s'agit d'entendre le pouls du sable écumé
pour comprendre le rituel des jours indifférents

Que de rêves sellés dans une danse équestre
au fond de chaque peur une aurore en otage

Il n'est point d'oraison pour croire en toi
le soleil ne se lève pas à l'ouest
la mer réclame sa couleur des yeux d'enfance
qui d'un ciel épris
sentent la tiédeur du sang

COEUR EN DÉRIVE

J'émigre dans la splendeur du songe
à l'orée de ta voix
suspendu au rythme du désert
entre le déclin de chaque soleil
et les plissements du soir sournois
j'émigre dans le prolongement permis du désir
que la nuit est fragile
opaque
le silence assiège mon sommeil
au détour du hasard généreux
sur ton visage se déploie mon rire
et se dresse l'océan
à l'ombre des souvenirs
j'aborde la vieillesse de l'aube
l'énigme des insomnies
dans le secret des impasses
de ton coeur en dérive
NOSTALGIE

Après tout
la parole prend la parole
le chant de la nostalgie
est une aube qui s'érige par absence
ravive la somptuosité
de l'Orient altier
comme un sexe féminin
femme intime
sur le chemin inquiet
qu'avale le hasard paradoxal

Je me souviens
ton corps têtu comme l'averse
au milieu de l'été

Oh ! oui
il est des heures où s'emprisonne le soleil
l'Orient est dompteur de joies éphémères
de la mer qui refuse l'inouï
le souhait adopte l'ennui
les sillons verticaux d'une eau timide
s'alignent sur tes paupières

Je me protège de la douceur
que ramène l'aurore
à chaque amour que parcourent mes rêves
sur une couche offerte par le désir
le Nord dépasse l'horizon
le silence se tait
je respire le deuil
blanc comme l’aurore que piétine l'insolence
et de mémoire en mémoire
les hosties se font rite
se métamorphosent en trois prières
l'une pour Dieu
l'autre pour toi
et pour moi l'oubli
c'est un mensonge cet Orient que je porte
paraphé sur ma fresque à moitié ridée
par l'érosion des Alizés qui défigurent les saisons
des souvenirs en sommeil


Rachid Dziri -
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mise en ligne 22 septembre 2003