Mylène CATEL


Bibliographie

Chair

dans l'algue mes branchies petite peau qui luit
impriment sur les chairs des ventouses polies
mon baiser de l'éponge en ses creux vaporeux
fait tinter les clochettes des coraux plaintifs

un essor langoureux qui secoue ses grelots
laisse dans les nuées des lueurs sauvageonnes
les rires s'ébruitant coulent le long des eaux
caressent le soleil où trempe l'aquarelle

cliquetis d'une accélération un cri
la plume va plongeant dans l'écume d'argent
tresse dans le ciel un filon d'or humide

28 février 1997

Trace

l'agonie de la trace
conceptualiser le doute
une courte fusion
blottie entre ses ailes
corps déchu sans prières
déséquilibre sans paroles
larmes du rocher constellé
caché par tes yeux qui m'enfantent
enfance de mon souffle

10 avril 1997

Prière

minuterie d'un jour ambiant
arraché au savoir des archanges
feu plus doux et plus vaillant
que les éponges
grande flamme amincie de silence
roulez dans le soir qui s'annonce
faites que toujours les rêves
que l'on n'attendait plus
recommencent
et se confondent sans rature
sans hésitation
un seul souffle marqué
à l'encre de la vie

5 mai 1997

Je cours dans la nuit

je cours dans la nuit
folle la lune un sourire
dieu m'a plantée des flèches
à l'âme
je cours avec le réel
qui change de raison
pour y voir clair
il faut comprendre l'équation
abysse de mon spleen
j'échange des lettres anonymes
l'acrostiche les charades
les solutions
tout fait sens dans cette nuit
tout s'invente une place
un mirage qui roule
de corps en corps
et mon esprit s'accroche
au roulement
coordonne et réarrange
selon ses propres lois
je cours dans la nuit
folle la lune un sourire
qui ricoche de mon trouble
enfant de la marelle
palet à son pas

5 mai 1997

si tu veux le soupçon qui pointe bas
repose en un clin d'oeil tes mains sur moi
j'ai longtemps regardé le sceau de l'arbre
et tente éphémère te surprendre

les envois de ces branches émouvantes
dardent en leur point fort une épouvante
ce n'est pas la rencontre de leurs poids
qui muera les attentes de mes bras

doucement dans le feu de ce désir
une ardente série de souvenirs
arrache des moustaches à mes masques

si tu vois que la feinte te rend folle
promets-moi de garder un azur où je vole
des promesses vêtues de paradis

22 mai 1997

si fort et conquis que soit le mystère
laisse-moi une part te refaire
des avec dépourvus de sans retour
des maters enserrés de doctes fuites

je retrouve un instant le don de vivre
sans avoir décrété ce qu'il faut suivre
de la trace ou du doigt qui l'a conçue
un petit peu d'espace immaculé

vierge du fond de l'âme notre amour
fait une brèche folle dans ce coeur
argile une autre histoire transitoire

tu façonnes mon corps qui t'émancipe
ces encriers creusés de vertes rimes
mes bâtards conjurés à te servir

22 mai 1997

Le dernier pour le voyage

Bouleversant sur l'horizon
le choeur plus pur des sémaphores
apocryphe vertu où sonne l'heure
dévêtue
des saisons des trésors
géographie des peurs
accrochée à l'ennui
réfléchie des temps forts
noire la chenille
un si fou transistor
bleu brouillé bruit de foule
modulant les accords
les eaux troubles
si ailé le taxi en sa roue de bataille
fait naître sous ses cris
des sifflets de cristal
cette agraphe a pour ut
un livre digital
illisible savanne
à l'arrachée une crépue frontière
un nouveau millénaire
une lenteur de croche
des archets qui s'ignorent

1er octobre 1997

mais si dans la paume d'un astre crêtes tendues au vent
vers les aubes nuptiales cette surprenante évasion
outre le décor et la sensation de l'astral
flotte

une rime brutale lors d'un serment de gel hymne à la parole
de l'ice berg
sous ce flot murmurent maintes bribes
se posent bergeries éplorées
de risières

ramasse sur la rive les moments enlacés du feuillage d'avril
ces chutes sans essor repeuplent les coraux
de mon enfance
des taches des lambeaux de chair chair chers à mon coeur
esprit du nuage qui berce mon logis
souffre souffre soufflant coquillage
espérance surprise esprit qui sanctifie
tombe meurtri déchu
restauré 

1er octobre 1997

Ce n'est pas la voyelle qu'il me faudra former. C'est un groupe écorché qu'il restait à soumettre. Parfois, dans la vapeur des astres dérobés, une courte fusion imagine ses aubes. Si j'ai, trompeur trompé, refusé les cachets, j'ai aussi reflué au contigu des lettres, mes passants silencieux aux voix d'O. qui se soûlent, salivent à me faire croire que l'astre est reverni. Si c'est vrai, que je meure enterrée dans les algues repeuplées de stupeurs et creusées des igloos.

Si c'est vrai, que je tombe de cet Enfer pourri, crucifiée d'avoir cru sans avoir pu confier la prière immobile, le meurtre de rosée, une avalée d'azur que des flots ont surpris, si flottant, crochetant de sublimes censures.

Frémies sans pour autant situer les tragiques voyelles et le trajet confus des pierres musiciennes, creux, dalle rattrapée du silence, enflure en voyage, du temps mort, le tourment, et longtemps l'idéal.

1er octobre 1997

 

Mylène Catel © Tous droits réservés

 


BIBLIOGRAPHIE DE L'AUTEURE

L'Inter-dite / The Inter-diction suivi de Ajournements, Éditions En Marge, (Québec) Canada, juillet 2003

Points D'O
, poésie, Aguessac, Editions Clapas, 2002

Usure-Passion
, prose poétique, Aguessac, Éditions CLAPAS, Mai 2001

Au Trop Pur des Passions
, prose poétique, Aguessac, Éditions CLAPAS, 1999

JC
, poésie, Paris: Editions Caractères, 1996

Le Jongleur Fou
, poésie, Paris: Editions Caractères, 1995


 

Poèmes publiés en revue

Having and Being, traduction de Avoir et Être, par Silvaine Arabo, Éditions CLAPAS, 1998
Ballons, et Les Conquérants, dans Le Poète face au Monde, anthologie de poésie française moderne, Paris : France, 1999
Amphétamines dans Les Saisons du Poème, France, été 1998
Jourdans Résurrection, France, été 1998
La Bourse du Diable dans Résurrection, France, janvier 1998
Ajournements dans Portique, France, Septembre-Decembre 1997
Tourniquets et Conquérants dans Le Moulin de Poésie, France, automne 1997
Silencieux Manèges dans EXIT, (Québec) Canada, été 1997
Sur la vitre dans OLTES, France, été 1997
Echo, poème bilingue, dans EUROPOESIE, France, été 1997
Coming Your Way Backwards, a poem in The National Public Library, summer 1997
Flora Fever, Happenings, There's more, Virginia Wolf, in VISIBILITIES, a feminist online journal, summer 1997



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