Marie BATAILLE



CE SOIR OÙ LA NUIT BOIT...



    Ce soir où la nuit boit
    Des traînées de lactance
    Aux mamelles du bois
    Comme une récompense,

      S'ouvrent tous les layons
      Sous mes pieds nus qui dansent
      Au milieu des haillons
      Feuillus de mon enfance.

        Terre chaude à mon corps
        Où, ventre contre ventre,
        Comme un humide accord,
        Comme on creuse le centre

          D'une grotte en berceau,
          Tu aspires mon être.
          Et je vois des cerceaux
          Grandir et disparaître.

            Je me coule en ta boue
            Qui me baise la bouche
            Ignorant le tabou
            Qui m'interdit ta couche.

              J'immerge en toi mes sens
              Ma terre, mon épouse,
              Et je verse mon sang
              Dans tes mille ventouses

                Pour t'accomplir, ma terre,
                Ô ma dernière mère !

 


avec la permission de l'auteure - 1997 - Tous droits réservés

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